FDJ, buralistes actionnaires ?

Le dossier était déjà sur la table sous l’ère Hollande (avec Emmanuel Macron à Bercy), le voici ressorti du placard. Dans le lot de privatisations annoncé par Bercy (avec Bruno Lemaire aux manettes) pour nourrir un futur fonds pour l’innovation, le nom de la FDJ revient avec insistance.

L’Etat détient 72% du capital de l’entreprise qui se porte, disons le, plutôt bien. Un chiffres d’affaires de 14,3 milliards d’euros débouchant sur un bénéfice de 176 millions d’euros (hausse de 11% en 2016). La participation étatique rapportant pas moins de 3 milliards d’euros de taxes sur les jeux au budget, auxquels s’ajoutent 150 millions d’euros de dividendes.

Des chiffres à donner le tournis pour une équation complexe. Les jeux, ce n’est pas un produit comme un autre. Derrière le montage financier que l’Etat pourrait choisir si privatisation il y a (en coulisses, on parle de ne partager qu’une partie du bénéfice afin de préserver la taxe sur les jeux sans se couper de la totalité des dividendes), reste que jeu égal contrôle.

Contrôle du jeu responsable face aux addictions. Contrôle de l’âge des joueurs. Contrôle des flux financiers dans le cadre de la lutte contre le blanchiment… Sur ce sujet, les buralistes en savent quelque chose. Eux-aussi sont contrôlés et pas toujours avec le tact qu’un réseau de distribution, derrière le comptoir 60 à 70 heures par semaine, est en droit d’attendre.

En face, ouverture d’actionnariat, souhait de maîtrise gouvernementale, besoin d’encadrements. Parfait, c’est le job des buralistes. Depuis 1976 même, Eugène Remilly (ancien président de la Confédération des débitants de tabac) qui nous a récemment quitté aurait pu nous en conter les débuts, lui qui y a tant contribué. Car en effet, à l’origine de la réussite de la FDJ, il y a encore les buralistes. Ce réseau de commerçants parfaitement implanté sur le territoire où l’on converse au quotidien.

Vous aurez compris ma pensée. Si l’Etat souhaite vendre une part de ses actions, pourquoi une partie ne reviendrait pas aux buralistes qui font tourner la boutique (75% du chiffres d’affaires réalisé chez nous, c’est à considérer) ? Au moins, avec mes collègues nous aurions l’impression d’être mieux considérés, d’être mieux associés.

Simple idée… Pour la faire cheminer, une autre idée : en 1995, la Seita est privatisée. Les salariés bénéficient alors de 3,1 millions d’actions à conditions préférentielles et les débitants achètent eux aussi des titres. Pourquoi ne pas s’inspirer du passé… Des buralistes actionnaires de la FDJ, finalement pas si saugrenue comme idée, qu’en pensez-vous ?